Corneille - Stances à Marquise - analyses ⇢

Le texte

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Synthèse : Dans ce poème, un homme vieillissant met en garde une jeune marquise contre les ravages du temps sur la beauté, tout en soulignant que la véritable valeur réside dans les charmes intérieurs. Il lui rappelle que la perception de la beauté évolue avec le temps et que sa propre influence pourra façonner son image future. Pierre Corneille, à travers ces vers, explore la notion de beauté éphémère et de la valeur intemporelle des qualités intérieures.

Marquise, si mon visage

A quelques traits un peu vieux,

Souvenez-vous qu'à mon âge

Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses

Se plaît à faire un affront :

Il saura faner vos roses

Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes

Règle nos jours et nos nuits :

On m'a vu ce que vous êtes

Vous serez ce que je suis.

Cependant j'ai quelques charmes

Qui sont assez éclatants

Pour n'avoir pas trop d'alarmes

De ces ravages du temps.

Vous en avez qu'on adore ;

Mais ceux que vous méprisez

Pourraient bien durer encore

Quand ceux-là seront usés.

Ils pourront sauver la gloire

Des yeux qui me semblent doux,

Et dans mille ans faire croire

Ce qu'il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle

Où j'aurai quelque crédit,

Vous ne passerez pour belle

Qu'autant que je l'aurai dit.

Pensez-y, belle Marquise,

Quoiqu'un grison fasse effroi,

Il vaut bien qu'on le courtise

Quand il est fait comme moi.


Pierre Corneille (1606-1684)

   

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