Synthèse : L’analyse du «Ventre de Paris» de Zola révèle une œuvre complexe, où la description naturaliste des Halles de Baltard, «nature morte colossale», se double d’une réflexion esthétique et idéologique. Zola, en s’appuyant sur une description minutieuse et énumérative, convoque les techniques de la nature morte flamande et introduit un regard impressionniste, anticipant Monet et Cézanne. Le roman s’affirme également comme un manifeste anti-romantique, opposant le naturalisme à l’idéalisme hugolien et déconstruisant la figure du héros romantique, incarnée par Florent, le républicain utopiste. Le texte explore ensuite la lutte des classes, inspirée par une vision darwinienne, où la bourgeoisie, «les Gras», triomphe d’un Florent «Maigre» condamné à l’exclusion. Les Halles, métaphore d’un «gigantesque ventre de métal», deviennent le lieu d’une digestion sociale impitoyable, où les «joies du ventre boutiquier» expulsent Florent, symbole des idéaux républicains, comme un déchet. L’œuvre, par sa richesse thématique et stylistique, offre ainsi une critique acerbe de la société et de ses contradictions.